Publications dans Analyses et enquêtes
8/11 - Ni oubli, ni pardon

Suivi de la lutte contre la précarité étudiante à Lyon suite à la tentative de suicide par immolation d’un étudiant syndicaliste de 22 ans et à la lettre qu’il a laissé derrière lui, désignant les politiques anti-sociales responsables de son geste.

8 novembre 2019. Cette date parsème le campus de la Porte des Alpes de l’Université Lyon 2 à de multiples endroits, accompagnée de la mention « ni oubli, ni pardon ». On la retrouve également sur le bâtiment du CROUS, situé au 59 rue de la Madeleine dans le 7ème arrondissement de Lyon, devant lequel Anas, l’étudiant de 22 ans, s’est immolé - et où a eu lieu un rassemblement à l’initiative de son syndicat, Solidaires étudiant•e•s Lyon, mardi 12 novembre. La tristesse, le désespoir et une colère lancinante percent la voix de ses camarades lorsqu’iels lisent la lettre qui a laissé derrière lui. Celle-ci se suffit à elle-même et ses revendications seront reprises à la fois par le syndicat Solidaire étudiant•e•s et par les assemblées générales qui se sont enchainées depuis ; les 14, 19 et 28 novembre, puis les 5 et 9 décembre.

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Dans les AG interprofessionnelles, généralisons partout la grève

Au stade où nous en sommes, il n’est plus possible de faire un seul pas en arrière.

Au-delà de toute fatalité - bien au contraire, le champ des possibles est à présent ouvert - il demeure que le succès de cette grève générale ne dépend que de nous-mêmes. Ou bien nous y croyons sans faillir, et le cas échéant nous nous donnons les moyens de vaincre - ou bien nous baissons les bras. Et dans la situation actuelle du pays, où 7 de ses 8 raffineries sont à l’arrêt, où 90% de ses trains ne circulent pas, où de nombreuses facs et écoles sont fermées, bloquées, vidées de celles et ceux qui les font vivre, où les secteurs de l’énergie tournent au ralenti… rien n’est moins sûr que l’amplification du mouvement.

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« Tu resteras toujours un ami dont le souvenir nourrira l’avenir. Il n’y a pas de meilleur monument à t’offrir que ta vie dans notre esprit. »

Ce samedi à 12h30 était annoncée une marche blanche pour Oliver Tony au départ de Sevran. Après une semaine de recherches, le corps meurtri de l’adolescent de 17 ans avait été retrouvé à Tours, à plusieurs centaines de kilomètres de sa dernière localisation près de Noisy-le-Sec. Victime d’une barbarie sans nom, sa famille, ses ami•es et de nombreux soutiens ont marché pour lui rendre hommage et appeler au calme.

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[Compte rendu d'audience] - Pour la restitution du téléphone du journaliste Taha Bouhafs

Depuis son interpellation en juin dernier, alors qu’il couvrait un piquet de grève de personnes sans papiers travaillant pour le Chronopost d'Alfortville, Taha Bouhafs n’a toujours pas récupéré son téléphone. Pourtant, toute l’interpellation et les violences policières subies par Taha y sont filmées. Face à cette non-restitution par le parquet de Créteil, Taha et son avocat, Me Arié Alimi, répliquent avec une plainte pour « obstruction à la manifestation de la vérité ». L’audience se tenait ce mardi 5 novembre au tribunal correctionnel de Créteil. Une matinée symptomatique de la répression qui frappe les journalistes en France.
Récit d’audience.

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[Compte-rendu d'audience] - Antonin Bernanos reste libre, sous contrôle judiciaire

Ce mardi 29 octobre, l’audience en appel d’Antonin Bernanos, militant antifasciste, a maintenu sa liberté conditionnelle, en lui permettant de revoir son frère et en réduisant de 7000 euros son cautionnement. En revanche, la Cour a également maintenu de nombreuses et pesantes contraintes sur le jeune homme.
LaMeute était présente. | RÉCIT D’AUDIENCE et photos en fin d’article

La détention se termine pour le militant de l’Action Antifasciste Paris-Banlieue(AFA), Antonin Bernanos, libéré sous contrôle judiciaire ce matin. « C’est bon tu peux le voir ! » cette phrase enjouée a été prononcée au moins une dizaine de fois en direction d’Angel, le frère d’Antonin, après que le juge a retiré son nom des personnes qu’il n’avait plus le droit de voir.

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Marche Adama III : cette année, les gendarmes s'en sont mêlés

La semaine dernière, alors qu’avait lieu la Marche pour Adama III, plusieurs véhicules, dont trois bus mis en place par le Comité pour Adama au départ de Gare du Nord, Ivry et Montreuil, convergeaient vers Beaumont-sur-Oise. Sur la route, plusieur.es manifestant.es ont été surpris.es par un contrôle accru des forces de l’ordre (gendarmes et militaires). Idem pour le bus des Gilets Jaunes de St Nazaire.
Cette vérification découle d’une décision prise cinq jours en amont de la Marche, le 15 juillet 2019, par le Procureur du Parquet de Pontoise : réquisitionner tous les véhicules sur les chemins de Beaumont « aux fins de rechercher, les auteurs de : actes de terrorisme, infractions en matière d’armes et d’explosifs, infractions de vol, de recel, faits de trafic de stupéfiants ».

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Des "Gilets Jaunes" aux "Gilets Jeunes"

Il nous a rarement été aussi compliqué d’écrire sur un mouvement social. Sans doute parce que jamais nous n’avons été exposé·es à une telle déliquescence du pouvoir en place. De toutes parts, le pays se fissure, et se dévoilent au grand jour toutes les fractures sociales qui l’ont fait souffrir si longtemps. De la colère sur la hausse des prix du carburant, il ne reste rien si ce n’est l’éclair formidable qui précède toutes les tempêtes. Cette mesure du gouvernement s’est voulue un vent nouveau — il l’emportera avec lui dans les tréfonds de l’Histoire. Car l’ivresse du pouvoir aura bien fini par monter à la tête d’Emmanuel Macron. Qui peut décemment croire que s’attaquer aux mondes des travailleur·euses, des étudiant·es, des lycéen·nes, des retraité·es, de celles et ceux « qui ne sont rien », des « ouvrières illettrées », des « gaulois réfractaires », n’apporterait pas à son administration la catastrophe attendue depuis des décennies ? Car, fin connaisseur des stratégies politiques, François Mitterrand avant lui disait : « Si la jeunesse n’a pas toujours raison, une société qui la méconnaît et qui la frappe a toujours tort ».

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Mouvement des "Gilets Jaunes" / Entre rassemblement spontané et naissance d'une situation de crise politique

« Mais c'est une révolte ? Non sire, c'est une révolution ! », tels sont les mots attribués au duc de La Rochefoucault Liancourt, le soir du 14 juillet 1789, qu'il aurait prononcé après le réveil de Louis XVI à Versailles pour l'informer de la situation dans les rues de Paris.

Bien que d'une ampleur moindre, cette même phrase aurait pu être attribuée à l'un·e des collaborateur·rice·s d’Emmanuel Macron le soir du 17 novembre 2018. Outre les questions de sémantique, loin du simple jeu d'amalgame entre le comportement de l'actuel président français et celui d'un monarque de l'ancien régime, l'homologie de situation peut s'imposer comme une évidence si l'on regarde ce que ces simples mots semblent dire.

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Zyed et Bouna / Remettons-nous en question, ou ils sont résolument morts pour rien

Il y a des noms qui jalonnent nos luttes.
Les façonnent.
Parfois les démarrent.

De ces noms-là, les cultures populaires ne retiennent pas que ceux des « Grands Hommes » - moins encore, hélas ! ceux des « Grandes Femmes ». Elles retiennent les noms qui leurs ressemblent. Les noms auxquels les classes populaires s’identifient, et les souvenirs qui s’y rattachent sont souvent aussi sombres que la couleur de peau des gens qui les portent. Elles en font un symbole, et de là se forge une identité. Se forge une conscience qui traverse le temps.

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Défendre l'occupation de Paris 8

D’où vient le large mouvement d’occupation des facs qui, à la fin avril, comptait une quarantaine de sites bloqués et occupés ? Vient-il de Tolbiac, qui a concentré toute l’attention médiatique pendant plus de trois semaines ? Vient-il plutôt du Mirail, à Toulouse ?

Rien de tout cela. Si l’évacuation de la faculté de Droit de Montpellier par une milice d’extrême-droite a cristallisé les colères, et a renforcé les hostilités étudiantes à l’encontre de la « Loi ORE » (pour « Orientation et Réussite des Étudiants »), c’est a minima à Paris 8 que l’on doit le retour de la pratique de l’occupation comme centrale dans les moyens de luttes.

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