Manifestation du 5 décembre 2020 : l'important c'est la chute

Le mot d’ordre de la manifestation était double : contre la précarité et la loi sur la Sécurité Globale. ©LaMeute - Corto

Le mot d’ordre de la manifestation était double : contre la précarité et la loi sur la Sécurité Globale. ©LaMeute - Corto

Plus de 70 rassemblements se sont tenus samedi 5 décembre 2020 à travers le territoire dans le cadre de la mobilisation contre le projet de loi de Sécurité Globale. À Paris, plusieurs milliers de manifestant-es ont participé à un défilé émaillé d'affrontements avec la police. La répression de cette journée remet, une fois de plus, le sujet de l'armement des forces de l'ordre sur la table.

Les oiseaux de mauvais augure étaient de sortie. Dans le ciel du nord parisien, un drone plane au-dessus du cortège, un dispositif policier coercitif - officieusement nommé "nasse mobile" par les habitué-es, une avenue escarpée, étroite et sans issue donnent le ton de la journée. Quelques minutes seulement après le départ de la manifestation, aux pieds des tours HLM et de ses habitant-es sorti-es aux fenêtres, les forces de l'ordre enfilent promptement leurs casques. La majorité des participant-es n'atteindra pas la place de la République, où devait s'achever la marche.

Le rassemblement annuel contre la précarité et le chômage a, cette année, pris une autre dimension. Les syndicats, postés près de la Porte des Lilas (20ème arrondissement) en début d'après-midi, ont vite été rejoint par les opposant-es à la loi sur la Sécurité Globale, des collectifs antiracistes et des Gilets Jaunes : au moins 8000 participant-es d'après nos calculs. De quoi enthousiasmer Omar Slaouti du collectif du 10 novembre contre l'Islamophobie qui, surplombant le cortège, lâchera un "Ça fait du bien", paraphrasant un David Dufresne qui avait exprimé la même émotion devant la foule composite du Trocadéro.

Des affrontements sont survenus rapidement entre la police et le cortège de tête, ne surprenant certes pas grand monde -leur intensité, si. Peu ont échappé au nuage de gaz lacrymogène qui a assombri le ciel jusqu'aux rues adjacentes. Les détonations ont perduré pendant plus d'une heure. Une jeune fille fixe l'avenue Gambetta, portant à bout de bras une pancarte, et s'interroge : "Pourquoi les gardiens de la paix utilisent-ils des armes de guerre?". 

La veille, dans son interview face à Rémy Buisine -lui même molesté à plusieurs reprises au cours de sa carrière, le président de la République avait exhorté la population : "Ne soyez pas violents, traquez toutes celles et ceux qui seront violents". 

A Nantes, la police a utilisé de nombreuses grenades lacrymogènes, jusqu'aux abords de la Loire. A Paris, le journaliste Amar Taoualit a été blessé en début de soirée sur la place de la République, par une grenade désencerclement. Un manifestant, lui, a été gravement blessé à la main par ce qui semble être, d’après les premiers témoignages,  une grenade lacrymogène de type GM2L - sensée être moins dangereuse que sa prédécesseure qu’elle a remplacé depuis le début d’année.

Un nouveau rassemblement est prévu samedi prochain, sur le pont Saint-Michel.

©LaMeute-Mes

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La réalisation de ce reportage a nécessité 3 personne et environ 12h de travail.

- Photos : Corto et Smoke;

- Texte et Mise en page: Mes

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