Lycées et universités : l'éducation face à la crise sanitaire du Covid-19

Pour les profs comme pour les élèves, pour les Assistant-es d’Éducation (AED) comme pour les étudiant-es, l’Éducation Nationale et l’Enseignement Supérieur traversent une crise sans précédent, où la précarité de beaucoup est accentuée par la détresse généralisé causée par le covid-19. C’est pourquoi l’ensemble de l’éducation avait appelé à la grève ce mardi 26 janvier 2021.

La crise sanitaire du Covid-19 a forcé l’ensemble de la population à modifier ses modes de vie, ses façons de faire et a particulièrement touché le domaine de l’éducation. Les lycées ont été fermés au premier confinement pour ensuite ré-ouvrir peu de temps après, sans pour autant respecter des mesures sanitaires convenables d’après les élèves qui se mobilisent. La situation n’est guère plus tenable pour les étudiant-es.

On demande à des profs d’organiser des cours en numérique, puis en demi-groupe en présentiel, puis de revenir au numérique… Les directives n’ont eu de cesse de changer, dans des établissements scolaires où il est parfois difficile d’éviter la promiscuité des couloirs ou celle des salles de classe. De leur côté, les universités dans leur ensemble ont grandement été touchées jusque dans leur fonctionnement, et la situation des étudiant-es s’est gravement détériorée, forçant l’immense majorité à l’isolement et à la précarité, faute de moyens financiers alloués par l’État et en l’absence de jobs étudiants pour compenser le manque d’argent.

 

A Paris, mardi 26 janvier, dès 7h, des lycéen-nes sont déjà prêt-es pour bloquer leur établissement afin de demander des protocoles sanitaires renforcés, et la fin du flou laissé volontairement par les ministères de tutelle. Un mouvement se voulant également solidaire avec celui des AED (dont les conditions de travail déjà dramatiques avant la crise n’ont fait qu’empirer depuis), ainsi qu’avec Elvis, un jeune lycéen de 17 ans d’origine kosovare, arrivé en France il y a 8 ans avec ses parents et menacé d’expulsion en pleine crise sanitaire.

Vers 7h20, une trentaine de lycéen-nes se présentaient aux alentours du Lycée Colbert dans le 10ème arrondissement de Paris, avec les poubelles de tout le quartier en main. La police -déjà sur place- a d’abord cherché à employer un ton calme et rassurant avant l’arrivée des renforts (une dizaine de camions de CRS) qui leur ont permis ensuite dévacuer les lycéen-nes de l’entrée de leur lycée.

Après un peu moins d’une heure passée bloqué.es au bout de la rue, les lycéen-nes décidèrent de rejoindre le lycée Racine dans le 8ème arrondissement. Nouvelles poubelles et nouveau blocage devant une porte du lycée. Quelques minutes après s’être installé.es, les lycéen-nes ont vu arriver un fourgon de police dont les officiers, dès leur arrivée, ont essayé de récupérer les poubelles à grands coups de gazeuse. Un policier particulièrement violent s’en est d’ailleurs pris à des journalistes -tentant dans un premier temps d'intimider notre équipe avant de passer au contrôle d’identité et aux coups physiques. Menace fut faite de nous emmener au commissariat si l’on ne se délestaient pas de nos protections - encore une entrave au droit d’informer.

Qui dit jour de grève dit jour de manif’. À la manifestation syndicale au départ du parc du Luxembourg à 13H, c’est environ 2000 personnes qui défilaient, et parmi elles des lycéen-nes, des étudiant-es, des professeur-es ainsi que des AED en tête de cortège. Différents syndicats comme le FSU ou la CGT étaient également présents.

Avant le début de la marche, environ quinze membres du syndicat d’extrême droite “La Cocarde Étudiante”, proche du FNJ, ont essayé d’intégrer la manifestation Les membres de ce syndicat prônant régulièrement la haine raciale et sexiste ont rapidement été repoussés par des antifascistes, au prix de quelques affrontements menant à la sortie des militant-es d’extrême-droite.

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Au niveau de la moitié du parcours plusieurs tentatives de manifestations sauvages ont été lancées. C’est finalement rue de Rennes qu’une partie du cortège a réussi à zigzaguer entre les CRS qui encadraient la manif’. Au bout d’un fumigène et de 10 minutes de marche, les manifestant-es se sont retrouvé-es coincé-es dans une rue entre la BRAV-M et des CRS. Certain-es ont réussi à s’enfuir par un hall d’immeuble, bien que poursuivi-es par les voltigeur-ses jusqu’au sein même des résidences privées. On a découvert après coup que certains des bâtiments appartenaient à l’université Paris II Panthéon-Assas, historiquement ancrée bien à droite, et que des professeur-es et membres de l’université ont empêché-es la BRAV d’arrêter les manifestant-es. Parallèlement, une nasse s’est formée et a recueilli les personnes n’ayant pas réussi à se réfugier dans les bâtiments. Elle s’est soldée par une fouille intégrale et vérification d’identité pour la quarantaine de personnes présentes.

La grève de l’éducation nationale chez les professeurs ou les AED n’a pas été reconduite au lendemain et prend semble-t-il le tournant d’une grève perlée. Cependant cette nouvelle journée de grève semble compromise par un troisième confinement qui devrait être annoncé en fin de semaine. La question reste encore la même : les écoles seront-elles maintenues ouvertes ou non ? Les lycéen-nes avaient déjà, durant le deuxième confinement, organisé une journée massive de blocus et de mobilisations : qu’en sera-t-il cette fois-ci ? Et face à la détresse grandissante des étudiant-es, de quelles aides bénéficieront-iels pour faire face à ce troisième confinement ?

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MERCI POUR VOTRE LECTURE

La réalisation de ce reportage a nécessité 3 personnes et environ 25h de travail.

-Texte, photos, mise en page : Tulyppe, Jeanne.actu

-Relecture : Graine, Mes.

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