Manifestation à Paris contre les CRA / “On enferme des gens qui n’ont rien fait...”

 

EN JANVIER 2019, suite à l’application de la loi asile et immigration la durée d’enfermement dans les Centres de Rétention Administratifs passera à 90 jours contre 45 jours actuellement. 90 jours enfermé.e.s, soumis.e.s au bon vouloir des gardien.ne.s et des juges dans l’attente d’être embarqué.e.s de force dans un avion, souvent mennoté.e.s.

 
 

« Alors on enferme des gens qui n’ont rien fait... » ce sont les propos d’une collégienne qui croisait le cortège et c’est la revendication de la manifestation des sans papiers et de leurs soutiens ; fermer les centres de rétention. La manifestation s’est élancée de porte de Vincennes (à coté d’une antenne de ministère de l’intérieur) et se finira à porte Dorée devant le musée de l’immigration - anciennement musée des colonies -.
Sur le lieu de départ les cortèges qui arrivent un par un sont acclamés.

 
 

À 15h la manifestation s’élance dans une ambiance énergique. Très vite les forces de l’ordre essaient de canaliser cette énergie en encadrant les cortèges. La foule ralentit puis s’arrête, essayant de se structurer derrière les banderoles. On sent une motivation hors norme se dégager des personnes présentes qui veulent avancer rapidement. Le cortège reprend sous les slogans « olélé olala, régularisation pour tous les sans papiers » et l’historique «j’y suis j’y reste, je ne partirai pas ». Un nouvel arrêt est marqué par un sit-in, il est demandé au mégaphone aux forces de l’ordre de s’éloigner, celles-ci, contre toutes attentes obtempèrent.

 

Pendant le reste du parcours, les forces de l’ordre n’auront de cesse de demander aux manifestant.e.s de marcher sur la route et de descendre des trottoirs. On notera une importante présence policière, quatre camions de gendarmes encadrant les quelques centaines de personnes présentes. Dispositif renforcé par des Compagnies d’Intervention que l’on croisera sur le trajet. La motivation, portée par le son des djembés et des tambours, ne faiblira cependant pas. Et la manifestation partie au pas de course, puis ralentie par la formation des cortèges, avancera sans perdre de son énergie. Un sans papier témoigne, nombre d’entre elleux font des métiers dévalorisés; il a lui-même été employé pendant 5 ans dans le désamiantage, un secteur ou personne ne veut travailler. Son dossier de régularisation est au point mort. Il pointe la discrimination dont il est victime.

 

L’avancée jusqu’au musée de l’immigration se passe sans heurts.

 
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Arrivée devant le musée la foule fait face à deux cordons de gendarmes qui barrent l’accès à l’entrée. Après un bref face à face la manifestation recule un peu pour faire place à quelques personnes prenant la parole tour à tour.


Les prises de parole font état des situations désastreuses des sans papiers, à la rue ou en foyers - souvent surpeuplés et insalubres - sans droits, sans protections sociales, exposé.e.s aux brimades policières et aux risques expulsions.

 
 

Les CRA sont aussi visés pour le traitement qui est réservé aux incarcéré.e.s et la durée de rétention allongé à 90 jours. Le traitement violent des sans papiers par l’État qui se résume souvent à rafles-rétentions-déportations est pointé du doigt et la volonté de lutter contre ce système raciste est réaffirmée.

 
 

Le collectif la Chapelle Debout ! organisera une assemblé générale à la suite des prises de parole, pour garder contact avec les sans papiers présent.e.s - dont certain.e.s vivent dans la rue – et continuer à les aider dans leurs démarches administratives.

© LaMeute