Manifestation du 18 janvier : le roi, son escorte et le peuple

L’acte 62 des Gilets Jaunes a dû déplaire aux amateurs.trices de bon théâtre. L’intrigue est simple et on en connaît déjà les rebondissements. D’un côté, les manifestant.e.s. qui ne se sont pas défilé.e.s; de l’autre, les forces de l’ordre –appelons-les les marionnettes- qui, tout au long de la journée, ont étouffé le cortège pendant que le président s’exfiltrait par la porte de derrière.

4.jpg

 

Le roi a pris la fuite d’un théâtre, vendredi soir dans le nord de Paris. Les manifestant.e.s présent.e.s  à l’extérieur, qui attendaient une apparition, ne se sont pas dérobé.e.s. 

Nous les retrouvons ce samedi 18 janvier, à l’appel de nombreux collectifs qui voulaient faire de ce jour un rassemblement national sur la capitale. Le cortège est un peu moins fourni qu’espéré. Nul doute que le parcours alambiqué – de la Porte de Champerret dans le nord-ouest parisien jusqu’à Gare de Lyon dans le sud-est - ainsi que la présence étouffante des forces de l’ordre ont dû en décourager quelques un.e.s.



Une manifestation comprimée



Compressé.e.s par le dispositif policier, qui formait une ligne en avant du cortège, les manifestant.e.s auront énormément piétiné. L’ambiance devient lourde vers 13h, entre impatience et nombreuses percées de la police qui procèdent à plusieurs arrestations aux abords de l'Église Sainte-Trinité. Néanmoins, le cortège de tête se remet rapidement d’aplomb. Il faut dire qu’on connaît déjà la chanson. La manifestation suit, en effet, pendant un temps le parcours de la mobilisation du 9 janvier qui s’était vue durement réprimée – au sein même de notre équipe - en passant par les rues de Châteaudun et La Fayette.  

Chaque coin de rue est désormais émaillé de mauvais souvenirs. Comme lorsque le cortège passe devant la gare de l’Est. Y tenter d’y accéder alors que les forces de l’ordre veillent au grain n’est même pas une option. La tête du cortège s’avance alors dans la rue des Récollets mais tente de faire demi-tour quand elle s’aperçoit que les forces de l’ordre ont fait irruption à l’arrière du cortège. Les unités présentes décident de faire tomber le rideau pour empêcher les manifestant.e.s de revenir sur leurs pas. La foule a beau faire remarquer qu’il s’agit d’une manifestation déclarée, les forces de l’ordre orchestrent  une toute autre mise en scène. La répression continue, quelques mètres plus loin à l’angle du Quai de Valmy. Une charge, violente, permet aux forces de l’ordre de procéder à au moins deux nouvelles arrestations.

22.jpg


Gare de Lyon sous les gaz



Impossible d’échapper aux confrontations avec la police, contrairement à Emmanuel Macron qui peut prendre la tangente à tout moment. Le long du canal Saint-Martin, le tout nouveau slogan connaît un beau succès. « Louis XVI, louis XVI on l’a décapité, Macron, Macron, ça peut recommencer ! », chante le cortège. Plus loin, l’espace s’élargit et le boulevard Richard Lenoir se présente comme une opportunité de se dégager de l’étau du dispositif policier. Les manifestant.e.s. se dispersent. Mais la réplique vient rapidement et les tirs de gaz lacrymogènes pleuvent. Le cortège poursuit alors sagement son chemin vers Bastille puis rue de Lyon.

32.jpg

Requinqué, le cortège entonne des « Paris, Paris, Antifa », crie des « Cédric, Cédric, Cédric » et clame « Révolution! ».Alors que la gare de Lyon n’est plus qu’à quelques mètres, les manifestant.e.s sont une fois de plus bloqué.e.s par les forces de l’ordre et gazé.e.s. Ce n’est que le début d’un long épisode. Pendant plus de quarante minutes, le parvis de la gare et ses alentours seront plongés sous les gaz. Le canon à eau est utilisé à plusieurs reprises. Plusieurs départs de feu apparaissent ici ou là. L’air est irrespirable et pourtant, difficile de s’échapper en dépit de l’ordre –absurde- donné par les forces de l’ordre de se disperser quand sonne 18h.

Finalement, les manifestant.e.s seront autorisé.e.s à quitter les lieux par petit groupe, pour éviter tout nouveau regroupement. C’était sans compter la détermination du peuple. Alors qu’on pensait la manifestation finie, la parade se remet en place sur le boulevard Diderot.  Manifestant.e.s suivi.e.s des forces de l’ordre et de pompiers continuent de se donner la réplique. 

Ne manquait plus que le roi.

 

© LaMeute-Mes

Merci de nous avoir lu.e.s , vous pouvez soutenir notre travail en allant sur le Tipee LaMeute.