Lyon : riposte antifasciste contre les violences de l'extrême droite

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À Lyon, de nombreuses attaques perpétuées par des groupuscules d’extrême droite ont eu lieu ces dernières semaines. Face à cette flambée de violence, une riposte antifasciste locale s’organise. Une démarche qui s’inscrit dans un contexte national de plus en plus critique et critiquable.

À Lyon, ce samedi 3 avril 2021, une manifestation antifasciste parmi laquelle participaient la GALE (Groupe Action Lyon et Environs) et l’AFA Grenoble est interdite par la préfecture de police poussant la Jeune Garde et l’Union Communiste Libertaire - les organisateu-trices de la manifestation, à l’annuler. Cette manifestation avait pour but de riposter contre l’extrême droite qui, quelques jours plus tôt, avait attaquée la librairie anarchiste Lyonnaise « La plume noire » à coup de pavés. Sur les vidéos filmées par des riverain.es, quelques militant.es s’adonnent à des saluts nazis.

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Solidarité antifasciste et répression d’État

Le matin de la journée du samedi 3 avril, plusieurs groupes tentaient déjà de rejoindre le vieux Lyon (quartier où de nombreux lieux à tendance fascistes sont implantés, NDLR) pour lancer une manifestation sauvage. Cependant, l’hélicoptère de la gendarmerie nationale ainsi que les effectifs de la police nationale et de la BAC ont empéché tout regroupement.

Plus tard dans l’après-midi, ces mêmes groupes réussissent à lancer une manifestation sauvage dans le quartier populaire de la Guillotière. La police tente maladroitement d’encadrer les manifestant.es qui se mêlent à la foule. Une voiture de la BAC est accidentellement percutée par un tramway. Cet incident mettra plus ou moins fin à la manifestation car le dispositif policier sera davantage renforcé.

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Lyon sous influence : Loups gris et peste brune

Depuis quelques années, Lyon se retrouve dans une situation délétère due aux attaques de l’extrême droite de plus en plus fréquentes. Les attaques fascistes ne viennent pas uniquement de la part des identitaires français mais également d’identitaires turcs appelés les « loups gris ». Ces loups gris sont un groupe paramilitaire affilié au Parti d'Action Nationaliste turc, le MHP, un parti d’extrême droite favorable au président Recep Tayyip Erdogan. Leurs actions visent tout particulièrement les communautés kurdes et arméniennes -nombreuses à Lyon.

Ce groupe a multiplié les attaques ces dernières années, à commencer par celle du 4 novembre 2020 durant laquelle le mémorial du génocide arménien en banlieue lyonnaise à Décines-Charpieu fut tagué et les populations d’origine arméniennes environnements physiquement attaquées. En réaction, Gérald Darmanin ordonnera la dissolution des Loups Gris.

Mais la dissolution n’a pas semblé faire effet. Au contraire, la violence des Loups Gris s’est davantage répandue. Nous avons pu le constater ce samedi, alors que les militant.es antifascistes tentaient de faire une manifestation sauvage sur la presqu’île, dans le 2ème arrondissement ; les Loups Gris ont pris d’attaque la maison de la Mésopotamie -une association kurde située à quelques mètres du local antifa. Violentées avec des barres de fer, quatre personnes ont été gravement blessées, notamment deux à la tête.

À cela s’ajoute une forte présence d’identitaires français qui tentent de s’implanter au sein de la ville. Notamment au travers de deux lieux polémiques. La Traboule, un bar identitaire qui sert de point de réunion à différents groupes fascistes. Le deuxième local est l’Agogé, au 3 Montée du Change, qui fait office de salle de boxe. Les membres participent ensuite à des tournois fascistes à travers toute l’Europe. Cette accumulation de locaux crée des points de rendez-vous faciles pour l’extrême droite, ce qui leur fournit une certaine assurance et une sécurité pour permettre des agressions envers des militant.es de gauche ou de simples citoyen.ne.s racisé.es. L’attaque de la Plume Noir en est un exemple flagrant. Au quotidien, les Lyonnais témoignent d’agressions en pleine rue, de cris de singe entendus dans les quartiers populaires etc.. Les identitaires essayent d'installer un climat d’insécurité constant.

Un climat délétère à l'échelle nationale

Même si à échelle nationale des organisations d'extrême droite telles que Génération Identitaire sont dissoutes, elles trouvent toujours un moyen de se reconstituer via d’autres réseaux associatifs comme la Traboule ou l'Agogé.

Malgré les dissolutions, l’extrême droite prospère et monte en puissance sur le territoire. Quelques jours après l’attaque de la librairie lyonnaise anarchiste La plume noire, un groupe d’extrême droite du nom d’Action Française (AF) s’est introduit dans l’enceinte du conseil régional d'Occitanie à Toulouse avec l’intention de crier des slogans et de déployer une banderole avec pour message “Islamo-gauchistes, traîtres à la France”. Après quelques coups échangés avec la sécurité, les militants seront vite stoppés.

Le gouvernement - à part les quelques sanctions administratives symboliques - ne condamne pas ou peu les actes violents de ces organisations. Il commence même à instaurer une politique de plus en plus identitaire et raciste. Nous pouvons parler de la loi contre les séparatismes que beaucoup de gens dénoncent comme une loi profondément islamophobe, qui stigmatise les citoyen-nes de confession musulmane et restreint leurs droits. La récente interdiction pour les filles de porter le hijab en public avant leur 18 ans et pour les mères accompagnatrices à l'école est aussi très significative et fortement dénoncée sur les réseaux sociaux à l’internationale. Enfin, on peut également parler de la loi sécurité globale qui vient d’être votée, et qui fortifie le pouvoir de la police.

Face à ce climat, nous pouvons relever que de nombreux groupes d’actions antifascistes s’organisent et agissent à échelle locale et nationale. Les mouvements de riposte contre l’extrême droite et l’action gouvernementale grandissent partout en France. La mobilisation lyonnaise du samedi 3 avril en est un bel exemple. La mobilisation parisienne du samedi 10 avril 2021 pour contrer l’extrême droite devrait en être également. “Cette mobilisation doit être un premier pas vers une riposte antifasciste large et de long terme”, promettent d’ailleurs ces organisateur-trices.

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la réalisation de ce reportage a nécessité 3 personnes et 16 heures de travail

-Photo : Tulyppe, Jeanne.actu

-Texte : Tulyppe, Jeanne.actu, Moulinette

-Mise en Page : Tulyppe et Jeanne.actu

-Relecture : Moulinette et Mes

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